Nous avons interrogé Pierre Amatore, spécialiste en Shiatsu dans la région PACA au sujet de son activité Shiatsu dans le cadre de l’ETP.
Pierre est très positif sur les possibilités d’accompagnement à la santé en Shiatsu dans le cadre des ETP. Une proposition de plus que nous pouvons mettre en place à l’échelle nationale.
1. Qu’est- ce que l’ETP?
L’éducation thérapeutique du patient (ETP) est une pratique qui trouve un ancrage à la fois dans la médecine, la pédagogie de la santé et les sciences humaines et sociales. Elle accorde une place prépondérante au patient en tant qu’acteur de sa santé. Selon l’OMS, l’Education Thérapeutique du Patient (ETP) vise à “aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique.”
L’ETP permet d’acquérir la capacité à vivre correctement dans l’environnement du patient et/ou à le modifier pour augmenter sa qualité de vie. Elle permet aux patients de devenir acteur de leur thérapie, grâce à la mise en place d’un Protocole d’Action Personnalisé, auquel ils pourront se référer, au gré de l’évolution de leur maladie.
L’ETP peut également dans certains cas associer les proches à un moment du programme, s’ils le souhaitent. Peu importe le stade et l’évolution de la maladie, un programme d’éducation thérapeutique peut s’envisager dès l’annonce du diagnostic ou à tout autre moment du traitement ou de l’évolution de la pathologie. Pour en bénéficier, mieux vaut en parler avec son médecin traitant
2. Quels sont les pathologies concernées ?
Toutes les maladies chroniques (les plus répandues sont le diabète, l’asthme, la BPCO, les maladies inflammatoires (RIC et MICI) )
3. Est-ce forcément en milieu hospitalier ?
Non elles peuvent être mise en place par une association de patients mais à l’heure actuelle beaucoup sont portées par des services hospitaliers
4. Quels sont les professions qui peuvent prendre en charge cette ETP ?
Se sont des équipes pluridisciplinaires mais à minima elles sont composées d’un médecin référant spécialiste de la pathologie concernée, d’un.e psychologue, un.e patient.e « expert » et d’intervenant.es sélectionné.es pour animer les différents ateliers du programme validé et financé par l’ARS.
5. Comment t’es-tu intéressé à ce sujet ?
En 2012 je travaillais dans un centre de soins palliatifs (La Maison de Gardanne, j’y travaille toujours d’ailleurs…) et j’ai fait une conférence pour la SFAP (Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs) sur la prise en charge en shiatsu des patients en soins palliatifs, pour argumenter et étoffer ma présentation, j’ai recherché des articles sur internet et suis tombé sur le site de l’école de l’asthme, cette association de patients avait déjà un fonctionnement proche de l’ETP depuis plusieurs années. Ma fille étant asthmatique je me suis rapproché de cette structure et en exposant les bienfaits du Shiatsu, après un essai concluant sur les bénéfices liés à la respiration, j’ai commencé à intervenir avec des ateliers Shiatsu, enfin d’auto-shiatsu. Puis plus tard j’ai animé des ateliers d’auto-shiatsu pour les maladies inflammatoires Rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC) et Maladies Inflammatoires Chroniques Intestinales (MICI).
6. Peux-tu m’expliquer ce que tu fais concrètement ?
Ce sont des ateliers de 3 heures avec de la théorie au niveau anatomie-physiologie et énergétique (les liens entre les deux sont très souvent évident), bien entendu c’est un peu « vulgarisé » pour que les participants retiennent l’essentiel. Puis une mise en pratique sous forme d’auto-shiatsu (Do In).
7. Quels sont les résultats ?
Ils sont bons sinon ces ateliers n’auraient pas perdurés (même si depuis un an tout est a l’arrêt avec la crise sanitaire, les participant.es étant considéré.es comme « personne à risque »). C’est aussi une manière de « détacher » les patient.es de leurs préoccupations « médicales » directes, même si cela est très en lien puisque nous travaillons de manière ludique sur la prévention… un accompagnement à la Santé.
8. Pourquoi le shiatsu est-il adapté ?
Le Shiatsu étant une prise en charge globale de la personne, les liens « corps – esprit » tendent à être rétablis. Il permet de redonner un schéma corporel à une personne en souffrance qui se retrouve très souvent « dans sa tête ».
Le Shiatsu permet également d’aborder leur maladie par un autre référentiel, des explications qui permettent aux patients de prendre conscience des « mécanismes » qu’ils ne soupçonnaient pas mais qui éclairent beaucoup de points, sensations et ressentis…
9. Quel retour as-tu des patients ?
Bon également, beaucoup viennent consulter en cabinet après les ateliers et même certain.es s’inscrivent en formation pour parfaire leurs connaissances…
10. De leur famille ?
Il y a également un engouement surtout lorsque le patient.e est mineur.e, les parents pouvant rentrer en communication non-verbale et ludique avec leur enfant ce qui fait une grosse différence avec discours médical habituel.
11. Es-tu rémunéré pour cette action ?
Au début, lorsque je travaillais à l’école de l’asthme, j’étais rémunéré lorsque c’était possible… le budget de l’association étant lié aux cotisations et aux subventions obtenues donc on peut dire que c’était presque du bénévolat…
Puis quand je suis passé en ETP hospitalier, j’étais rémunéré pour chaque atelier puisque bien souvent c’est un financement de l’ARS.
12. Si je suis intéressé comment faire pour me former ?
Je ne suis plus aux faits des modifications demandées pour intégrer une équipe ETP, mais avant tout il faut se sentir compétent pour une prise en charge la maladie ciblée, là, c’est la formation en Shiatsu et l’expérience qui vont être importantes…
Et je pense qu’il existe toujours une formation obligatoire en ETP agréée par l’ARS, dans mon cas c’est le CRESS PACA qui la proposait. Il y a également un DU patient expert qui permet d’intégrer une équipe, mais la plus part du temps ouvert uniquement aux patients atteints d’une affection chronique.
13. Comment aborder les hôpitaux de ma région pour proposer ce service ?
Ce n’est pas directement l’hôpital qu’il faut contacter, mais l’ETP concerné et notamment la personne en charge du programme. Argumenter sur les bienfaits que le Shiatsu peut apporter aux patient.es. Ne pas hésiter à proposer une séance de Shiatsu… beaucoup de personnes ne connaissent que le mot Shiatsu mais n’ont pas vraiment une idée de la portée de cette discipline.
14. Est-ce qu’être adhérent au SPS est un avantage dans ce cas ?
Je vais dire que oui, l’union fait la force, c’est toujours bien de se présenter avec une structure sérieuse derrière soi…
15. Que voudrais-tu ajouter sur le sujet ?
L’ETP est devenu un enjeu de Santé Publique, tout comme l’APA (Activité Physique Adaptée), donc des possibilités importantes de travail en Shiatsu.
Merci Pierre pour cette interview, très bonne rentrée.
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