Anthony Dos Santos , Nouhad Benaziza, Jacques Laurent, Denis Spindler et Yannick Ruelle
Publié en ligne : 28 septembre 2022 https://doi.org/10.1089/jicm.2021.0322
Résumé :
Contexte : En 2014, l’Organisation mondiale de la santé a lancé son deuxième plan stratégique sur le développement des médecines complémentaires. Le shiatsu fait partie des huit approches alternatives dignes d’intérêt. Aucune étude n’a exploré les trajectoires de santé de ses utilisateurs ainsi que les motifs et expériences de leur recours au shiatsu.
Objectif : Explorer les motivations et les expériences de l’utilisation du shiatsu et les trajectoires de santé de ses utilisateurs en France.
Conception et contexte : Étude qualitative auprès d’utilisateurs de shiatsu.
Méthodes : Entretiens téléphoniques semi-structurés avec des utilisateurs de shiatsu et enregistrements audio pendant les séances de shiatsu. Les utilisateurs de shiatsu ont été recrutés à travers la France par des praticiens de shiatsu qui n’avaient pas d’instructions spécifiques sur le pr
ofil des utilisateurs à inclure. Analyse descriptive puis thématique des données, avec triangulation, selon une approche phénoménologique, à l’aide du logiciel MAXQDA©.
Résultats : Dix entretiens et sept enregistrements ont été réalisés pour recueillir suffisamment de données. Les principaux thèmes identifiés sont les connaissances et représentations antérieures du shiatsu, les symptômes conduisant à ce recours, l’inefficacité de la médecine conventionnelle et les trajectoires de santé de l’usager. Les usagers recherchaient une alternative à la médecine conventionnelle et avaient souvent recours à d’autres médecines complémentaires. Ils n’avaient généralement aucune connaissance préalable du shiatsu. Le shiatsu leur a été conseillé par leur entourage, jamais par un médecin. Les principales raisons de leur recours au shiatsu sont la douleur, l’anxiété et les troubles du sommeil. Les utilisateurs ont d’abord essayé la médecine conventionnelle. Certains ont cherché à modifier ou à réduire leur consommation de médicaments. Le shiatsu est ensuite devenu une pratique régulière. Les utilisateurs ont décrit des réactions désobligeantes de leur médecin généraliste (GP) à l’égard de cette thérapie complémentaire.
Conclusion : Cette étude met en évidence une relation fluctuante et ambivalente entre la médecine complémentaire et la médecine conventionnelle. Le parcours de santé des utilisateurs de shiatsu comprend plusieurs phases : confiance dans la médecine conventionnelle puis déception, rupture et prise de risque pour leur santé. Pour éviter cette rupture, le médecin généraliste devrait être impliqué dans l’utilisation des thérapies complémentaires.
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